Je ne peux plus me taire. J’aime travailler pour des clients directs, mais également en sous-traitance. D’ailleurs, dans le monde de l’interprétation, les deux vont de pair, car pour la plupart des missions, les interprètes travaillent en binôme. Étant donné que la plupart des interprètes sont free-lance, nous avons souvent recours aux services de nos collègues. Je n’ai donc pas de difficultés à travailler pour des collègues ou des agences. Par contre, je remarque de plus en plus que les agences ne connaissent pas (ou plus ?) le monde dans lequel ils travaillent. Et non, je ne parle pas de mes collègues interprètes. Eux savent comment encadrer une mission d’interprétation et ce dont les interprètes ont besoin pour bien faire leur travail. Ce qui m’exaspère surtout ces derniers temps, ce sont les agences de traduction qui se lancent dans le monde de l’interprétation alors qu’ils connaissent seulement les traductions écrites et dont le personnel n’a jamais mis un pied dans une cabine.
Dernièrement encore, je me suis retrouvé dans une situation invraisemblable. C’était le chaos – un cauchemar pour un esprit structuré comme le mien. Une mission en sous-traitance, pour une « agence de traduction » à Alost, avec pour client final une multinationale gigantesque établie à Alost. Une assemblée générale, nous avait-on dit. De 14h à 17h. Tout allait bien, on nous avait même envoyé des présentations PowerPoint avec beaucoup de chiffres, ce qui est toujours pratique. Je me suis donc rendu sur place préparé et confiant.
La première chose que l’on m’a racontée sur place était que l’horaire qui m’avait été communiqué, était incorrect. Apparemment, mon collègue et moi devions être présents de 14h30 à 18h. Ajoutez à cela le retard habituel et vous vous retrouvez avec un client qui a besoin d’une heure et demi d’interprétation en plus que prévu. Le client était convaincu d’avoir communiqué ces heures à l’agence ; l’horaire avait en effet été fixé longtemps à l’avance et n’avait plus été changé. Mais l’aventure ne s’arrêtait pas là.
L’assemblée générale n’était pas seulement vouée aux chiffres. Non, les différents services allaient également dévoiler leurs projets (plutôt techniques). Quel bonheur ! Malheureusement aucune information ne nous était parvenue et nous étions pris à l’improviste. Il ne nous restait plus qu’à improviser, quoique cela s’avère compliqué quand il s’agit de chambres de déviation, de pieux sécants et de différentes sortes de navires. Bien sûr que nous étions contents que la présentation fût truffée de nombreuses images, notre seule bouée de sauvetage. Sans parler de la technique : un volume carrément insuffisant et une cabine grognante (j’y ai en effet appris qu’une cabine peut grogner).
Bref, pourquoi en parler ici et maintenant ? Ne vous laissez pas leurrer par le site Web d’une agence de traduction. Chaque agence prétend vous offrir la meilleure qualité au meilleur prix (et généralement dans les meilleurs délais aussi), alors que la traduction et l’interprétation exigent deux approches complètement différentes. Un interprète n’encadrera peut-être pas un projet de traduction comme il sied, mais un traducteur ne sera à son tour pas capable non plus d’encadrer une mission d’interprétation. Adressez-vous à une agence gérée par des interprètes pour vos missions d’interprétation. Assurez-vous que l’information préparatoire soit réellement envoyée aux interprètes. Toute l’information pratique, comme l’horaire et le lieu du rassemblement, mais également l’information sur le contenu.
L’interprétation coûte cher. Faites en sorte que cet argent vous offre un retour. Les interprètes en valent l’investissement. Pour garantir la réussite, ayez recours à une véritable agence d’interprètes et non pas à une agence de traduction qui considère les missions d’interprétation comme un dérivé de son activité et ne s’y connait pas du tout.