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Nederlands Frans in contrast (Les contrastes du français et du néerlandais)
2000 lexicologische valstrikken in het Frans (2 000 pièges lexicologiques en français)
Pour le professionnel de la langue qui navigue quotidiennement entre le français et le néerlandais, ce n’est pas un luxe que de pouvoir disposer d’une boussole afin de se frayer consciencieusement un chemin parmi les pièges que représentent les faux-amis. Prenons par exemple cette phrase elle-même, mais formulée en néerlandais : « Voor de taalprofessional die dagelijks navigeert tussen het Frans en het Nederlands, blijkt het geen luxe te zijn om een kompas te hebben dat je ondersteunt om je route secuur langsheen de valkuilen van de Valse Vrienden uit te stippelen. » Cette seule phrase comporte déjà trois de ces termes facétieux, à savoir « kompas », « route » et « secuur », que nous avons respectivement traduits par « boussole », « chemin », et « consciencieusement ». Les deux premiers termes sont des mots néerlandais pour lesquels il existe une dénomination similaire en français, en l’occurrence « compas » et « route ». Mais ce n’est pas pour autant que ceux-ci peuvent être utilisés dans la traduction de cette phrase en français. Le troisième terme, « secuur », est un mot néerlandais à consonance française : il donne l’impression de posséder un parent en français, mais il n’en est rien. Pour effectuer une traduction correcte de cette phrase néerlandaise, il vous faudra faire appel à d’autres mots de la langue française.
Mine d’or lexicologique
Siegfried Theissen, Philippe Hiligsmann, Laurent Rasier et Caroline Klein ont rassemblé leurs connaissances et leur expérience dans le but de fournir une réponse étayée d’un point de vue scientifique à ce type de questions linguistiques auxquelles sont confrontés les étudiants et usagers professionnels néerlandophones de la langue française. On obtient, au final, un manuel qui regorge de pièges lexicologiques en français.
Le lecteur y trouvera pas moins de deux mille faux-amis soigneusement répertoriés et répartis en six catégories :
- Faux-amis : kompas – boussole ; compas – passer
- Expressions quasi semblables : er zit een addertje onder het gras – il y a anguille sous roche
- Proverbes quasi semblables : een profeet is in eigen land niet geëerd – nul n’est prophète en son pays
- Singulier/pluriel : zijn huiswerk maken – faire ses devoirs
- L’usage de l’article : op eigen gezag – de son propre chef
- Verbes pronominaux : berusten in – se résigner à
- L’usage des auxiliaires hebben/zijn – avoir/être : aftreden – is afgetreden – a abdiqué
Chaque chapitre se termine par une série d’exercices classés par ordre alphabétique grâce auxquels vous pourrez tester vos connaissances. En deux mots, il s’agit d’un ouvrage pratique qui vous permettra de discerner les détails fourbes et de toiletter votre usage du français.
Par où commencer ?
Pour le lecteur, le défi est évidemment de savoir comment utiliser un tel ouvrage de référence et comment en tirer un maximum de bénéfice en toute efficacité ? Posez-vous tout d’abord la question suivante : êtes-vous conscient de la présence éventuelle de « l’anguille » sous la roche (et non pas de la « vipère », traduction littérale du terme « adder » dans l’expression quasi semblable en néerlandais) ?
Vous pourriez parcourir le manuel de façon systématique, bien entendu, c’est une première possibilité. Ou le lire à vos moments perdus et composer votre propre répertoire en regroupant tous les pièges qui vous font vous exclamer : « ah, ça, je l’ignorais ». L’inconvénient est que cette manière de faire est laborieuse et chronophage.
Seconde possibilité : fiez-vous à votre instinct et consultez le manuel pour voir si votre soupçon est justifié et si vous trouvez quelque chose à ce sujet. Mais gardez bien à l’esprit le fait que le manuel n’offre pas de réponse décisive en ce sens qu’il se limite aux situations où les similitudes entre les deux langues peuvent entraîner des erreurs d’interprétation. Le manuel ne comporte par ailleurs pas de glossaire alphabétique global, ce qui ne facilite pas les recherches.
La troisième solution consiste à vous exercer à travers les exercices proposés. Ceux-ci sont classés dans un ordre alphabétique afin que vous puissiez trouver la solution relativement rapidement, avec toutefois pour inconvénient qu’il n’existe pas d’exercice spécifique à chaque piège. Une fois que vous aurez capturé toutes vos anguilles (addertjes), vous pourrez les conserver sous votre propre roche (grasmat).
Conclusion ?
En bref, le manuel constitue sans nul doute le fruit d’un travail de recherche approfondi et comporte un vaste répertoire, mais comme instrument de travail pratique, son utilisation n’est pas des plus simples. L’intention des auteurs était d’ailleurs d’en faire un instrument d’apprentissage. On peut juste regretter qu’un tel objectif en limite par la même occasion l’usage. Le manuel comporte tellement d’informations pertinentes, non seulement à l’intention des néerlandophones qui étudient le français, mais aussi inversement, que le format proposé mériterait d’être adapté afin de permettre un usage plus pratique, y compris par les usagers professionnels de nos langues nationales.