La version néerlandaise a été publiée le 18 juin 2014.
Il y a quelque temps j’ai consacré sur la partie néerlandaise de mon blog un article aux escrocs qui volent les C.V. de vrais traducteurs, qu’ils adaptent avec leurs coordonnées afin de trouver du travail auprès des agences.
Quand j’ai travaillé récemment pour une agence espagnole, une idée m’est venue à l’esprit. J’esquisse la situation : j’ai été contacté pour une mission d’interprétation à Barcelone en dernière minute, les dernières minutes étant une tendance typiquement espagnole, me dit-on. Nous convenons d’un tarif, réservons les vols et l’hôtel, et hop, c’est parti. Lors de mon retour je devais toutefois encore régler quelques « affaires administratives ». Je n’en avais pas été prévenu à l’avance, mais bon, nous n’avions pas beaucoup de temps non plus. Si je voulais être payé, je devais faire deux choses : signer et renvoyer par la poste un accord de confidentialité (NDA) et envoyer mon C.V. par e-mail. L’accord en soi ne m’a pas causé grand problème. Or, avant d’obtenir un bon de commande j’ai dû attendre jusqu’à ce que : 1/ j’aies reçu le NDA par la poste, 2/ je puisse renvoyer le NDA par la poste, 3/ l’agence ait reçu et traité le NDA. Quoi qu’il en soit, nous avons convenu que la lenteur de cette procédure ne retarderait pas le paiement (ce qui n’a pas été le cas, j’en remercie l’agence) et que moi, je ferais ce que l’on attendait de moi.
Par contre, l’histoire du C.V. m’importunait encore quelque peu. J’avais travaillé pour cette agence, le client final était satisfait, donc pourquoi avaient-ils besoin de mon C.V. a posteriori ? Apparemment, un C.V. était nécessaire pour être « intégré à leur système ». J’ai expliqué que je n’actualisais plus mon C.V. depuis plusieurs années. De temps en temps j’en rafistole un pour aider un collègue qui pose sa candidature pour un marché public, mais franchement, je n’en avais pas envie cette fois-ci. Or, l’agence voulait ab-so-lu-ment un C.V. Alors, qu’a fait votre dévoué serviteur ? J’ai ouvert un nouveau document Word et j’y ai collé le lien vers mon profil LinkedIn. Mon profil LinkedIn est à jour et j’y mentionne tout ce que je mettrais dans mon C.V.
Je me demandais ce que l’agence en penserait, mais je n’ai pas eu de réaction. Au contraire, après quelques jours, j’ai reçu un courriel avec mon numéro de bon de commande et j’ai été payé dans un délai raisonnable après avoir envoyé la facture (quoique les modalités de facturation n’étaient pas minces, mais ça, c’est une autre histoire).
Soudain, j’ai fait le lien avec les escrocs dont je parlais tout au début, qui écument l’Internet en quête de C.V. avec lesquels ils proposent leurs propres services aux agences de traduction. Ne mettez surtout pas votre document Word en ligne sur une plateforme telle que Proz.com. Un fichier Word est vite téléchargé à partir de tels sites (ce qui est d’ailleurs le but) et l’escroc peut facilement l’adapter à ses besoins : une autre adresse e-mail, un autre numéro de téléphone, etcétéra. Il est plus compliqué de voler un document PDF, mais je reçois quand même très régulièrement des « offres » d’escrocs avec des C.V. volés au format PDF.
Pourquoi ne référons-nous pas tous à notre profil LinkedIn ? N’oubliez pas que LinkedIn a été conçu comme base de données pour C.V. Bien qu’entre-temps le site se soit fortement développé, le C.V. en reste l’échine. Le texte de votre profil LinkedIn peut bien facilement être copié et collé, et donc, volé, mais je crois que cette démarche peut être dissuasive pour les escrocs. Comparez cela à un dispositif antivol pour la voiture. La voiture peut toujours être volée, mais si une voiture semblable se trouve tout près sans dispositif antivol, les voleurs seront moins enclins à voler la première.
Je connais personnellement des collègues dont le C.V. circule sur Internet. Si vous savez que les escrocs ne préserveront pas votre réputation, mais arnaqueront les agences en votre nom, vous feriez mieux d’éviter que votre C.V. ne termine dans de mauvaises mains. Ce tuyau n’offre aucune garantie, mais il crée selon moi une difficulté supplémentaire que les escrocs ne voudront peut-être pas surmonter.