Conseils pour les orateurs lors d’une interprétation simultanée

Conseils pour les orateurs lors d’une interprétation simultanée

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Les orateurs : il en existe de toutes sortes. L’un est de nature un tantinet plus communicatif que l’autre. Certains transmettent un message bien ficelé en un tournemain, alors que d’autres ne cessent de trébucher sur leurs mots. Or, cela ne signifie pas que les personnes qui ont des difficultés à s’exprimer, doivent déplorer et craindre d’être toujours difficiles à comprendre. Déesse énumère une série de conseils permettant certainement d’améliorer la communication.

Même si les points décrits ci-dessous sont davantage destinés aux orateurs pour lesquels l’on prévoit un service d’interprétation, il peut être utile d’également les prendre en compte lorsque l’orateur s’adresse à un public qui peut le comprendre sans l’intervention d’interprètes.

  • Pour bon nombre de personnes, le fait de s’adresser à un groupe est une situation stressante. Certains orateurs se sentent incertains, voire nerveux et craignent de prononcer un exposé de mauvaise qualité. Pour y remédier ou s’assurer de ne rien oublier, les orateurs préparent très souvent littéralement le texte de leur intervention. Ils s’adressent ensuite au public en lisant simplement l’énoncé qu’ils ont méticuleusement rédigé. Même si ce genre de texte préparé dans les moindres détails semble être une solution attrayante, il constitue souvent un obstacle à la qualité de la communication. Dans pareil cas, les orateurs ont en effet tendance à manquer d’intonation, ce qui complique la distinction des différentes phrases. Par ailleurs, les textes écrits présentent généralement une syntaxe plus complexe (structure phrasale) que les messages oraux, et le public ressent plus de difficultés à les comprendre pleinement. La tâche des interprètes n’est pas non plus simplifiée puisqu’ils doivent analyser chacune des phrases prononcées par l’orateur. Plus les interprètes doivent se concentrer sur la bonne compréhension du texte source, moins ils peuvent se focaliser sur la fluidité de leur interprétation. Enfin, le débit de parole pour un texte lu est généralement plus élevé, tandis que les textes écrits sont également plus denses. Un flux d’information plus rapide ne contribue en rien non plus à la facilité de transfert du message.
    Les orateurs doivent de préférence établir au préalable une liste des points qu’ils souhaitent aborder ainsi que des chiffres et noms éventuels qu’ils souhaitent transmettre au public. Lorsqu’ils prennent place au micro, il est préférable qu’ils abordent tous les points comme s’ils menaient une conversation (formelle) avec trois voire quatre connaissances dans un cercle fermé.

 

  • Passons à d’un phénomène observé principalement durant les réunions bilingues : le président, qui souhaite à juste titre exprimer son respect pour l’ensemble des participants, prononce une partie de son allocution dans une langue, et l’autre partie dans l’autre langue. Ce qui semble être une initiative louable, peut très vite se transformer en une situation pénible pour les interprètes dans un premier temps et en aval pour toutes les personnes qui ont besoin du service d’interprétation. Aucun problème majeur ne se posera si l’orateur décide de s’exprimer dans l’autre langue après avoir énoncé une phrase complète ou encore mieux, une plus grande partie de son intervention. La situation devient beaucoup plus embêtante lorsque l’orateur décide de changer de langue en plein milieu d’une phrase. Le problème est double. Les interprètes ne collent pas toujours à la structure phrasale de l’orateur. Ils doivent en effet réaliser une traduction idiomatique, ce qui les oblige souvent à mettre certaines parties de phrase en début ou en fin de phrase. Il arrive par exemple qu’ils doivent retenir un bout de phrase impossible à placer immédiatement et qu’en changeant de langue, ils ne parviennent plus à transmettre ce bout dans leur interprétation. Les orateurs doivent également tenir compte du fait que les interprètes enregistrent toujours un certain retard dans leur traduction, un phénomène que l’on appelle communément le décalage. Si dans le cadre d’une réunion bilingue, l’orateur change de langue en plein milieu d’une phrase, il parle dans ce cas pendant un certain temps sur le même canal linguistique que l’interprète, ce qui induit également la perte de cette partie d’information.
    Le fait de changer de langue en plein milieu d’une phrase, compromet donc la qualité de la communication. Il est dès lors conseillé aux orateurs de s’exprimer en une seule langue ou d’en changer seulement après avoir énoncé un ou plusieurs paragraphes.

 

  • Aujourd’hui, chaque orateur qui se respecte, prépare une présentation PowerPoint de qualité. Une présentation qui vient appuyer visuellement ce que dit l’orateur, peut s’avérer très utile. Les orateurs doivent toutefois tenir compte du fait que les interprètes mais aussi très souvent le public, dépendent de l’amplification du son. Si un orateur utilise un micro fixe et qu’il se tourne un instant pour jeter un coup d’œil au grand écran, une partie du message est en général totalement perdue. Chaque personne du public doit dans ce cas fournir des efforts supplémentaires pour y remédier, sans toutefois avoir la garantie d’y arriver.
    Pour remédier à ce problème, les orateurs doivent soit rester de face, soit imprimer une version de leur présentation qu’ils gardent devant eux. Et faire ainsi d’une pierre deux coups : ils ne se retournent pas et ont immédiatement une liste des points à aborder de manière à énoncer un exposé de qualité. Et si les interprètes reçoivent, eux aussi, une copie de cette présentation, ils peuvent facilement suivre l’exposé et en distinguer les points clés.

 

  • Pour poursuivre à propos de l’amplification du son : les micros sont des équipements très pratiques, mais peuvent également être la source de bon nombre de mécontentements et de désagréments, en particulier chez les interprètes. Rien de plus normal que les orateurs souhaitent tester leur micro avant de commencer à parler. Bon nombre osent tapoter sur le micro, voire même y souffler. Les interprètes règlent généralement le son de leur casque assez fort, car ils doivent pouvoir entendre les orateurs sans être gêné par leur propre voix. Les tapotements et les souffles leur parviennent donc deux fois plus forts. Les orateurs doivent également faire attention lorsqu’ils utilisent du papier près d’un micro. Les micros renforçant en effet le son produit près de ceux-ci, la manipulation et le froissage de papiers peuvent très facilement rendre un orateur inaudible. Les toussotements relèvent également de cette catégorie.
    Pour les interprètes, il est dès lors plus agréable que l’orateur prononce simplement quelques mots au micro. Si un orateur salue son public et que le son semble ne pas être au point, celui-ci peut réessayer une fois le problème résolu. Si le son semble fonctionner, l’orateur ne perd pas de temps et peut immédiatement se lancer. Si l’orateur doit en outre tourner une page, il est préférable qu’il fasse une pause dans son exposé de manière à veiller à ne perdre aucune partie de son message.

 

De nombreux facteurs influencent la prestation des interprètes. Les orateurs jouent ici aussi un rôle important. Cette série de conseils pratiques permet aux orateurs moins habiles, d’être facilement compréhensibles.

 

Sébastien Devogele

Author: Sébastien Devogele

Sébastien Devogele is een conferentietolk. Via deze blog houdt hij jullie graag op de hoogte.